Paris, le 9 août 1870, 3 h. 50 m. du soir (reçue à 8 h. 10 m. du soir).
Le MINISTRE DE L’INTERIEUR à MM. les Préfets.
DECLARATION DU GOUVERNEMENT AUX CHAMBRES.
Messieurs,
L’Empereur vous a promis que l’Impératrice vous appellerait si les circonstances devenaient difficiles. Nous n’avons pas voulu attendre, pour vous réunir, que la situation de la patrie fût compromise; nous vous avons appelés aux premières difficultés. Quelques corps de notre armée ont éprouvé des échecs, mais la plus grande partie n’a été ni vaincue ni même engagée: celle qui a été repoussée ne l’a été que par une force quatre ou cinq fois plus considérable, et elle a déployé dans le combat un héroïsme sublime qui lui vaudra une gloire au moins égale à celle des triomphateurs.
Tous nos soldats qui ont combattu, comme ceux qui attendent l’heure de combattre, sont animés de la même ardeur, du même élan, du même patriotisme, de la même confiance dans une revanche prochaine. Aucune de nos défenses naturelles ou de nos forteresses n’est entre les mains de l’ennemi. Nos ressources immenses sont intactes. Au lieu de se laisser abattre par des revers que cependant il n’attendait pas, le pays sent son courage grandir avec les épreuves.
Nous vous demandons de nous aider à soutenir et à augmenter le mouvement national et à organiser la levée en masse de tout ce qui est valide dans la nation.
Tout est préparé. Paris va être en état de défense, et son approvisionnement est assuré pour longtemps. La garde nationale sédentaire s’organise partout ; les régiments de pompiers de Paris, les douaniers, sont réunis à l’armée active ; tous les hommes de l’inscription maritime qui ont plus de six ans de service sont rappelés. Nous abrégeons les formalités auxquelles sont assujettis les engagements volontaires : nous comblons avec nos forces disponibles les vides de notre armée, et, pour pouvoir les combler plus complétement, et pour réunir une nouvelle armée de 450 mille hommes, nous vous proposons, d’abord: d’augmenter la garde nationale mobile, en y apportant tous les hommes non mariés de 25 à 30 ans; de nous accorder la possibilité d’incorporer la garde mobile dans
‘armée active et d’appeler sous les drapeaux tous les hommes disponibles de la classe de 1870. Ne reculant devant aucun des devoirs que les événements nous imposent, nous avons mis en état de siège Paris et les départements que l’ennemi menace. Aux ressources dont ils disposent contre nous, les Prussiens espèrent ajouter celles qui naitraient de nos discordes intestines, et ils considèrent le désordre à Paris comme leur valant une armée. Cette espérance impie sera détrompée; l’immense majorité de la ville de Paris conservera son attitude patriotique.
Quant à nous, nous ne ferons pas seulement appel à la garde nationale courageuse et dévouée de Paris, nous appellerons à Paris la garde nationale de la France entière, et nous défendrons l’ordre avec d’autant plus de fermeté d’âme que dans cette occasion surtout, l’ordre c’est le salut.
Pour copie conforme :
. Le Préfet de la Dordogne, Signé BOFFINTON.