Description
Imprimerie Jules Cheret
Affiche de 1868. Prime offerte au lecteur du journal Le Géant numéro 26 daté du 23 août 1868
64 x 44 cm (entoilée , bon état)
Article du Géant :
LUDOVIC HALÉVY ET HENRI MEILHAC.
« Deux auteurs sous le même chapeau. Cependant ces frères siamois de l’art dramatique ne se ressemblent guère; tant mieux ! Qui se ressemble se gêne…. en collaboration. Halévy est brun ; Meilhac est blond ; l’un est cascadeur, l’autre est tendre : Halevy chante , Meilhac marivaude. Meilhac, le tendre, est l’auteur seul, au Gymnase, des Curieuses, du Petit-Fils de Mascarille , de Garde-toi, je me garde. Halévy cascadeur, l’auteur du Singe de Nicolet, ne quitte pas, en compagnie de son collaborateur, les Variétés et le Palais-Royal ; il n’aspire pas comme le sérieux Meilhac, à entrer au Théâtre-Français. Ils en sont bien loin, toutefois, ces, frères en cascades, quand Offenbach, de sa musique égrillarde, vient surenchérir sur la verve de l’un et sur l’esprit de l’autre. Tous trois arrivent alors à créer des pièces ébouriffantes, la dégénérescence de l’art, peut-être, mais la dernière expression du genre bouffe, et qui s’appellent tour à tour : la Vie Parisienne , Barbe-Bleue , la Belle-Hélène, la Grande-Duchesse, le Château à Toto. Aussi, la longue face à binocle d’Offenbach planera-t- elle éternellement sur le double front de ces frères siamois ; elle constituera toujours un des angles de cette ligure en trois personnes : Halévy, Meilhac et Offenbach, les premiers qui aient osé frapper sur le ventre de la statue du Commandeur et prêter aux déesses de l’Olympe un langage de cocottes, en créant cette odyssée chariva- rique, qualifiée de genre offenbachique. Fanny Laer, cette pièce du Gymnase, cette dernière œuvre des frères siamois, et qui penche du coté sombre et tendre de Meilhac, n’est qu’un demi-succès. Ce n’est ni de la faute de Meilhac, ni de celle d’Halévy, leur drame est réussi, mais il est mal planté sur la scène du Gymnase, c’était assez du drame de Vestime fourvoyé au Vaudeville. Pourtant des envieux prétendent que si Fanny Laer n’est pas le succès habituel de Meilhac et d’Halévy, c’est parce que cette lois Offenbach n’était pas là ! Voilà ce que c’est que d’avoir habitué le public à la cascade. Le public, aujourd’hui, voudrait faire chanter à Fanny Laer : Bu qui s’avance ! Et ses deux auteurs ne peuvent plus marcher qu’à trois; on est toujours puni par où l’on a pêché, on tombe toujours du côté où l’on penche. Le Géant. »